Un enfant. Un bébé qui voit le jour à la fin de la Seconde Guerre mondiale, à Vancouver au Canada. Ils n’imaginent pas une seule seconde que quelques jours plus tard, lui, sera amené à mourir. Ils n’imaginent pas que dans les années qui vont suivre, leur fille va développer un gène particulier, un gène en mutation. Ils ignorent aussi que la mort, ils la frôleront à maintes et maintes reprises, mais ne soupçonneront pas cette enfant. Zoey qu’elle s’appelle. Zoey Hemingway, elle est mutante, différente, particulière, exceptionnelle, et c’est son histoire.

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Tu te rappelles cette nuit, tu avais six ans. Tu étais dans ton lit, comme tout les soirs, tu t’endormais en comptant les moutons. C’était une technique absurde, tu en avais conscience, mais c’était un remède efficace à tes insomnies. Tes insomnies qui se faisaient de plus en plus régulières. Tu avais peur. Tu faisais des cauchemars dans lesquels tu prenais feu. Ce n’étais pas aussi basique que ça, ta mère et ton grand frère mouraient aussi. C’est à cause de ces cauchemars que tu ne voulais pas t’endormir, tu ne voulais pas prendre de risque. Tu savais très bien que, prendre feu, c’était évidemment impossible, voire impensable. Et pourtant, dès que tu avais le malheur de t’endormir, tu faisais ce mauvais rêve. Bien entendu, tu ne disais rien à ta mère, tu ne voulais pas l’inquiéter. Malgré ton jeune âge, tu savais très bien qu’elle pouvait croire n’importe quoi. Lui faire peur ? L’inquiéter ? C’était impensable, encore une fois. Tu aimais ta mère, et cette nuit là, tu n’avais pas voulu lui faire le moindre mal, non.

Pourtant, cette nuit là, tout ce qui se produisit était entièrement de ta faute, mais tu étais dans une incompréhension totale. Tu avais chaud. A vrai dire, c’était fréquent ces bouffées de chaleur. Ca te prenait comme ça, quand tu avais peur, que tu étais angoissée ou même quand tu étais triste. Cette nuit là, tu repensais beaucoup trop à ce rêve, tu avais peur que tout se produise exactement de la même façon. Tu avais des frissons en y repensant mais tu avais extrêmement chaud. Tu te leva pour aller ouvrir la fenêtre, ça devenait indispensable. La peur était encore plus présente. Tout de suite ton esprit se dirigeait vers un éventuel incendie, peut-être que ces rêves étaient prémonitoires ? Tu l’ignorais en réalité. Mais la chaleur était toujours là, autour de toi, même si tu étais parfaitement consciente que dehors, c’était un froid glacial qui régnait. Tu croyais comprendre ce qui se passait. Enfin, tu émettais une hypothèse. Tu allais prendre feu, comme dans ton rêve.

Il ne fallut pas cinq secondes pour que ton pire cauchemar devienne réalité. Affolée de voir ton bras s’embraser, tu sursautas. Ce geste fut décisif. Ton rideau, celui qui te protégeait de tout les monstres commença à s’enflammer, tout comme ton bras et tes cheveux. Tu ne savais pas quoi faire. Tu avais peur d’aller voir ta mère, dans la pièce d’à côté. Tu avais peur qu’elle voit que l’origine du futur carnage, c’était toi. Tu t’empressas d’aller dans la salle de bain, c’était le seul moyen de mettre fin au désastre. Tu étais rassurée, tu n’allais définitivement pas mourir brûlée, de plus, ton bras ne présentait aucun dégât. Tu ne cherchas pas plus loin et tu te souvins que dans ta chambre, le danger n’était pas écarté. Lorsque tu sortis de la salle d’eau, tu vis ta mère et ton frère, paniqués, ils te demandaient de sortir de la maison le plus rapidement possible. Plus moyen de faire demi tour, tu ne pouvais rien prendre en souvenir, non. Tu devais t’enfuir et survivre avec ta famille, c’était ton devoir. Aussi, tu devais t’assurer, du haut de tes six ans, que jamais personne n’apprendrait la véritable histoire de cette nuit là.

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Tu te souviens de la première fois où le Professeur est venu te voir. Tu avais tout juste dix-sept ans et tu avais déjà déménagé trois fois. Tu vivais dans une petite ville au Texas et avais de plus en plus de mal à supporter de ne pas contrôler ton pouvoir. Tu te demandais combien de temps encore tu allais devoir supporter les coups de ton frère qui avait peur de toi au fond. Il avait découvert ton secret, il t’en voulait. Ta mère, elle, ne t’adressais même plus la parole. Elle avait manqué de mourir à trois reprises, et c’était de ta faute. Elle te considérais comme le diable. Tu étais couverte de bleu et pourtant, quand le professeur était venu te rendre visite, tu avais un grand sourire. Tu faisais comme si tout allait bien dans ta vie. Tu ignorais l’objet de sa visite, tu ignorais qui il était et aussi, tu ne pouvais pas deviner qu’il savait tout ce que tu pensais à ce moment là.

Rapidement, il te demanda de lui expliquer pourquoi ton frère te frappait. Il avait l’air de s’intéresser à toi. A vrai dire, il ne te cacha pas longtemps qu’il était comme toi, ou presque. Il t’expliqua, par l’intermédiaire des pensées, qu’il était télépathe. Il t’expliqua que tu n’étais pas seule dans ton cas, que tu avais des semblables. Cette idée te redonna un sourire sincère. Tu oubliais presque les coups que tu venais de recevoir, tu oubliais presque que ta mère ne t’aimait plus. En fait, si tu avais l’occasion de partir loin d’eux, ça te plaisait. Tu ne voulais en aucun cas leur faire du mal. Le Professeur te parlait d’un institut dans lequel tu serais capable d’apprendre à contrôler tes pouvoirs. Tu avais enfin une seconde chance. Tu allais enfin pouvoir éviter de transformer ton habitation en un tas de cendres. Tu étais heureuse à cet instant là, tu avais même envie de le prendre dans tes bras. Mais par respect, tu te retins.

Tu te posais plein de questions à propos de cet institut. Où se trouvait-il ? Comment étaient les autres mutants ? Y avait-il des personnes de ton âge ? Est-ce que les filles étaient nombreuses ? Et les professeurs, étaient-ils strictes ? Toutes tes questions ne demeurèrent pas sans réponses. Il lisait toujours dans tes pensées et te répondait au fur et à mesure qu’une nouvelle question apparaissait dans ta tête. Son don était fantastique. Au moins, lui, il n’avait pas le même problème que toi. Il ne présentait pas ce danger permanent. Il avait un don utile, même si certaines personnes considéraient que ce n’était pas respectueux de lire dans les pensées. Tu n’étais pas de cet avis. Tu admirais grandement le professeur et tu voulais vraiment le rejoindre dans son institut. Tu avais hâte de te faire des amis et de protéger ta famille.

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C’étaient tes premiers pas dans le domaine de l’Institut du Professeur. Tu étais impressionnée par l’immensité des lieux. Toute cette étendue verte, le décor dont tu avais toujours rêvé. Depuis que tu avais déménagé la première fois, tu voulais retrouvé ce genre de lieu. Ca te manquait, sincèrement. La taille du manoir te laissa sans voix, tu ne savais pas si c’était un des élèves qui maintenait une illusion ou bien si la grandeur était réelle. Tu avais beaucoup réfléchi durant le voyage à toutes les sortes de pouvoirs que tu allais pouvoir découvrir, et celui de l’illusion en faisait partie. Tu étais vraiment fascinée par toutes les possibilités, tu n’avais jamais imaginé qu’un jour tu aurais pu partager ton secret avec des personnes dans le même cas que toi. C’était un rêve éveillé. Un rêve bien plus beau que ceux que tu faisais étant plus jeune.

Tu rencontras plein de jeunes de ton âge, voire parfois un peu moins âgés. Tu étais émerveillée, tu ne savais pas du tout quoi dire. D’ailleurs, à partir de cet instant là, tout ce que retenait tes nouveaux camarades de toi, c’était ton sourire presque permanent. Tu aimais apporter la joie et la bonne humeur tout autour de toi. Lorsque tu croisais quelqu’un de triste, tu ne pouvais t’empêcher d’y remédier. C’était ton truc, à toi. On te reprochait parfois d’avoir été trop bavarde lorsque tu t’étais présentée. Tu étais tellement excitée à l’idée de parler ouvertement de ton pouvoir, de pouvoir montrer ce que tu savais faire. En réalité, tu découvrais en même temps que tout le monde les réelles capacités que tu avais. Durant toutes ces années, tu avais passé ton temps à essayer de cacher tes aptitudes, tu t’étais enfouie sous une fausse identité. Tu savais qu’à présent, tu allais être toi-même. Et si jamais tu perdais le contrôle, il y avait toujours quelqu’un pour t’arroser et te ramener sur terre.

C’était ça ta nouvelle vie. Tu aimes vivre là, et tu n’es pas prête de quitter le Professeur ni tes nouveaux camarades. Tu te l’es promis.