Même si je considérais cela comme fantastique, être mère pouvais parfois s'avérer être extrêmement compliqué et exténuant. Car chaque instant se devait d'être entièrement consacré à ma fille, ce qui ne me laissait guère de temps pour penser à moi. Mais les choses devaient se passer telles quelles, c'était ça être mère. Aussi le soir, lorsque mon enfant était endormie, la mère laissait la place à la femme, comme un artiste laissant son costume de scène au placard suite à une longue et harassante représentation. Le soir était sans nul doute le seul moment où je pouvais demeurer entièrement seule avec moi-même, ce qui ne me déplaisais pas. Je peux donc dire sans me tromper que les journées de pure détente se faisaient très rares. Or aujourd'hui, j'avais voulu avoir la journée pour moi seule. C'est donc après avoir déposée Liz à la crèche, bien que cela me serrait toujours le coeur d'appréhension car le souvenir d'une certaine époque de ma vie demeurant encore gravé dans mon esprit, que j'avais commencée à tranquillement flâner dans les rues new-yorkaises. J'avais l'impression de redécouvrir la ville, mon rôle de mère me forçant à oublier de simples plaisirs comme aller voir un bon film au cinéma ou sortir le soir dans un bar pour se laisser aborder par un inconnu. Bien que mère ou non, je n'étais plus certaine d'encore apprécier d'être draguée dans un bar. Trop de mauvais souvenirs également. Tout en me morigénant mentalement pour ne plus penser à mon ex-petit ami rencontré dans un bar, et accessoirement père de ma petite fille, je poussais la porte de la librairie qui m'avait attirée et commençais à errer entre les rayons, effleurant délicatement les couvertures des livres. J'adorais lire, et ce depuis toute petite, la lecture m'ayant toujours permis de m'évader dans des mondes si éloignés du mien, bien qu'imaginaires. D'amour ou d'aventure, il y en avait pour tous les goûts. J'aurais pu rester des heures et des heures entourée de tous ces ouvrages, perdue dans mes pensées. Mais à être trop absorbée par les livres, j'en oubliais de faire attention à ce qui m'entourais et rentrais dans quelque chose. Et puisque ce n'était pas dur comme l'aurait été une étagère, il s'agissait d'une personne. Je m'empressais de m'excuser.

-Je suis désolée, je ne vous avais pas vu, j'ai été trop distraite...