Luka & Charles

Nous plantons les graines de la paix,
maintenant et pour le futur.

Mes yeux se perdent sans fin sur le manoir, une nouvelle fois. Cela fait trois jour de suite que je m'assois sur cette colline et que je contemple le paysage magnifique qui s'offre à moi. C'est une succession sans fin de forêts, de lacs de reliefs herbeux pliant sous le vent. Je retourne tous les soirs à la ville, un vide au coeur, abandonnant cette magie, me murmurant que c'est la dernière fois que je respire cet air si pur, que je n'ai pas le droit à ce genre de vie. Je dois être assez déprimant en fin de compte à toujours penser que je n'ai pas ma place où que j'aille. Mais j'ai trop peur de me présenter à eux, s'ils savaient ce que j'ai fait... Trop de mal, trop de souffrance. Pourtant je n'arrive pas à me résoudre, à partir définitivement. Ce lieu m'attire, m'appelle et m'interpelle, comme l'était à Ulysse le chant des sirènes. Une rafale ébouriffe les cheveux verts de la terre. Bourrasque forte et impulsive reflètent mon état d'esprit. Je suis en pièce, mais j'ai espoir de redevenir moi même.

Mes pensées s'entremêlent et se perdent dans les parties obscures de mon passé. La France. Une larme coule le long de ma joue. On a tous enfui en soit un évènement qui mériterait que l'on revienne dessus, qu'on le gomme pour pouvoir tout recommencer. Mais ce droit ne nous appartient pas. On ne peut pas revenir en arrière. Impossible. Que s'est-il passé ? Je n'ose même plus m'en souvenir clairement. Mon esprit bloque ce sombre passé pour bloquer la folie. Je revois seulement le fier visage d'Hanna, plein de fureur, celui d'Élise, mon amour perdu. Et du rouge. Beaucoup de rouge. Une vague impression de désespoire et de violence. Là s'arrête ce que je sais à une chose prêt : j'ai tué Hanna. Le vent se fait violence et je m'empresse de me calmer. Ce devait être une belle journée, je n'ai pas le droit de la gâcher. Les battements de mon coeur ralentissent, doucement, mon esprit s'apaise et la forte rafale devient agréable brise. Le soleil peut enfin apporter un peu de chaleur dans ce monde fragile.

Un oiseau s'envole d'une branche au loin. J'ai envie de voyager avec lui, sentir les courants d'air chauds ou froids contre mon corps, les comprendre pour se stabiliser dans le ciel bleu. On dit que seul les oiseaux peuvent vraiment comprendre ce que veux dire : voler de ses propres ailes. Je ne suis pas vraiment d'accord. Certains mutants le peuvent. Et les humains à leur manières, également. C'est une liberté grisante. Je crois que j'attache trop d'importance à ma peine et à ma peur, ce qui fait que je reste à terre alors que mon coeur n'aspire qu'à s'envoler. Je serais partis avec lui explorer les confins du ciel, mais j'ai peur qu'on m'aperçoive et qu'on me demande ce que je fais là. Je ne saurais vraiment l'expliquer. Et puis je suis sur une propriété privée ici.

Je ne sais pas grand chose de ceux qui habite ce grand manoir sinon le fait qu'ils soient mutant, comme moi. Je sais seulement que Charles Xavier en est le propriétaire. C'est tout. Je crois aussi savoir qu'il est pour un monde de paix, entre humain et mutant. Ces deux espèces ne devraient pas avoir à s'entredéchirer, car après tout nous sommes parents, si proches... Jamais un enfant ne devrait être qualifié de monstres, d'erreur de la nature, pour ce qu'il est de différent, l'évolution, même par ses propres parents. Cet homme pourrait-il m'aider ? Je secoue la tête avec tristesse, comme pour me remettre les idées en place. L'ais-je mérité ? Je me pose bien trop de question, au final pour si peu de réponses. Comme toujours. L'oiseau vole au loin, libre de toutes entraves que je m'inflige. Moi je tombe sans trouver appuis. Trouverais-je quelqu'un pour ?

Je me relève avec lenteur et me détourne à contre coeur. Je n'ose plus. Je tourne le dos à la difficulté, toutes traces de courage m'ayant déserté. Je ne suis rien. Rien du tout. Je fais un pas, deux et trois. Et je me stoppe brutalement, aux aguets. Mon insupportable empathie vient de m'avertir que quelqu'un se trouvait dans les environs immédiats, derrière moi pour être plus précis. Ce sont de drôles de sentiments que je n'arrive pas à appréhender. Qui...?