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Cigarettes & alcohol { Lulla

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Ruben I. Norton

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MessageSujet: Cigarettes & alcohol { Lulla Cigarettes & alcohol { Lulla Icon_minitimeMar 16 Aoû - 20:47


    Cigarettes & alcohol { Lulla 221amp
    Is it my imagination,
    or have I finally found
    something worth living for?
    I was looking for some action,
    but all I found was cigarettes and alcohol.
    OASIS

    Une cigarette au bec, les yeux dans le vague, le jeune homme à l'air grincheux derrière le comptoir nettoyait consciencieusement un verre, attendant les premiers clients. Il était encore tôt et il ne les espérait pas avant une bonne demi-heure, mais sait-on jamais. Il arrivait qu'une fille s'invite de temps en temps avec ses bouquins avant ses cours. Il l'avait déjà observé quelques fois ; elle venait aussi boire quelques verres avec ses amis, ici. S'il l'avait reconnue c'est car il était plutôt physionomiste. Elle avait l'air d'une étudiante normale. Plutôt sympathique à vrai dire. Et même jolie. Mais il ne lui avait jamais adressé la parole. Il ne l'avait jamais abordée ; il n'abordait jamais personne, de toute façon. Le strict minimum lui suffisait. Un bonjour, le prix de la boisson, un s'il vous plaît et un merci, voir un bonne journée. Voilà tout au mieux ce que ses clients recevaient. Autant avare de sourires que de contact, Ruben s'en tenait simplement à ce dont il était obligé. Certes, parfois, il aurait aimé avoir l'aisance des garçons de son âge, la bande de pote avec qui traîner et simplement profiter de sa jeunesse, avoir quelqu'un contre qui se blottir le soir, mais cela ne lui avait jamais réussi ; personne ne l'acceptait. Jamais. Il était trop bizarre. Et puis, il voyait des choses. Des choses terribles, dès qu'il s'approchait trop. Dès qu'il avait une vie personnelle, cela tournait mal. C'est pour ça qu'il était mieux seul, loin, toujours bien sûr de contenir cette distance entre lui et les autres, ce que l'on appelait "l'espace vital" ou "l'intimité". Derrière son bar, il était bien. Barrière solide entre son monde et le leur. Un monde qu'il était intimement convaincu qui n'était pas le même.

    Rêveur, il reposa le verre et passa à un autre, avec toujours aussi peu de conviction, tirant lentement sur son mégot qu'il finit par écraser au fond de l'évier. Il venait d'allumer l'eau pour faire disparaître les cendres quand il entendit le chuintement familier de la porte. Éteignant le robinet, il reconnut la silhouette malgré la pile de livres qu'elle tenait qui cachait une partie de son visage. Il la regarda avancer et se poser jusqu'au bar, bien qu'avec quelques difficultés vu tout ce qu'elle avait décidé d'emporter, avant de le saluer, ce à quoi il répondit doucement :

      « Bonjour. Vous désirez ? »

    Il n'avait pas bougé de sa place et la jaugeait simplement, se soutenant à l'évier. Il ne fuyait pas son regard, bien qu'il avait réalisé qu'ils étaient seuls. Il n'avait pas peur des autres, juste de lui-même.

      « Vous êtes matinale. » Ajouta-t-il finalement, tapotant le bord de l'évier d'un air un peu absent.

    Il se mordit la lèvre. Il avait pris son temps pour détacher chaque syllabe, comme s'il avait des problèmes d'élocutions, ce qui n'était pas le cas, puisqu'il était aussi chanteur, à ses heures. Si on pouvait appeler ça chanteur, quand son seul lieu de production était le métro, bien sûr. Quoi qu'il en soit, il n'était pas du genre à parler pour rien dire et, au fond, même s'il n'avait fait qu'énumérer une banalité, pour lui, c'était quelque chose. Comme un premier pas. Dépasser son rôle pour... Bavarder. Quelque chose de simple pour le commun des mortels, mais pas pour lui. Même si cela ne lui coûtait rien. Au contraire. Au fond, peut être que, l'espace de quelques secondes, il avait eu besoin de combler le silence pour ne plus se sentir aussi vide. De sens, et d'importance. Exister.
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Lullaby E. Desdemon


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MessageSujet: Re: Cigarettes & alcohol { Lulla Cigarettes & alcohol { Lulla Icon_minitimeVen 19 Aoû - 22:12

Le tuyau de la salle de bains gouttait. Inexorablement, goutte après goutte, il semblait bien décidé à inventer un nouveau rythme, une nouvelle musique pour peupler la nuit des habitantes de l'étage du Garden. Ce qui ne dérangerait sans doute pas les trois marmottes qui s'étaient endormies en deux secondes trente après avoir posé la tête sur l'oreiller, pour certaines simplement parce qu'elles étaient épuisées de leur journée, et d'autres parce que l'appel de la bouteille avait décidément encore été le plus fort ce soir-là. Cependant, une faisait exception à la règle, une qui dormait de moins en moins souvent, et avait des cernes de deux pieds de long sous les yeux pour le lui rappeler toute la journée, en plus de la fatigue écrasante dont elle ne parvenait évidemment pas à se défaire, même lors de siestes impromptues. Et, cette nui encore, Lullaby n'avait pas trouvé les bras de Morphée. Avait-elle pris sa fuite devant un énième homme comme le signe que cela devait sérieux entre eux, bien trop sérieux pour elle, et qu'il était temps qu'elle ne pointe plus jamais le bout de son nez ? Si tel était le cas, qu'elle se rassure, Lulla aimait bien les hommes, mais … mais. Et elle la suppliait de revenir à elle, par pitié … Mais elle resta sourde à ses prières. Et, toute la nuit durant, alors qu'elle s'était dit qu'elle allait se mettre à plancher sur la dissertation « est-il plus simple de connaître autrui ou soi-même ? », elle dut supporter cette cadence infernale. Il lui semblait se souvenir avoir lu quelque part que l'on se servait de choses de ce genre pour torturer les soldats ennemis. On les attachait sur une planche, et une goutte d'eau leur tombait régulièrement sur le front. Et qu'ils craquaient au maximum en vingt-quatre heures. Comme elle les comprenait. Le supplice était double pour elle, ce son lui rappelant un peu trop son élément pour ne pas la faire souffrir à chaque goutte. Seconde après seconde, minute après minute, elle lutta, changea de position, tenta de se calmer. Se mettre en colère risquerait de faire exploser les canalisations ce qui était surtout, surtout, à éviter. Et, au petit matin … au petit matin, Lullaby, sur son lit, au milieu de piles de bouquins plus poussiéreux les uns que les autres, avait à peine écrit quelques lignes, froissé un nombre incalculable de feuilles et se tenait assise, recroquevillée sur elle-même, les mains plaquées sur les oreilles, prête à hurler de douleur. Ce qu'elle fit. Avant de ramasser ses affaires, les fourrer dans un sac, prendre sa pile de bouquins, et déguerpir. Avant que le bruit ne la tue. Ou une de ses colocs, réveillée de bonne heure et donc, immanquablement, de mauvaise humeur. Direction ailleurs. Où elle pourrait travailler.

Et c'est comme ça qu'elle se retrouva à pousser la porte de l'Irish Pub où Enora la traînait souvent boire des coups. Ou Shane. Ou les deux. Dans tous les cas, elle galéra sec pour ne pas faire tomber un seul ouvrage sur le sol. Le caéf était vide, en même temps, elle n'avait pas l'heure sur elle, mais elle aurait parié qu'il était très tôt. Bien trop tôt pour se lever. Mais pour elle, la question ne se posait pas. Elle avança doucement, ses livres avaient pris une position particulièrement instable au passage de la porte, puis posa le tout sur le comptoir, saluant le barman, seule personne en ces lieux :


Bonjour.
Bonjour. Vous désirez ?
Un café s'il vous plaît. Irish, si possible.

Quoi, on était bien au Irish Pub, non ? Et elle n'avait pas dormi, elle avait besoin de caféine pour se réveiller, ce serait d'ailleurs sans aucun doute le premier d'une longue série, et d'alcool pour se mettre un coup de speed. Il fallait qu'elle avance cet essai absolument. Il était pour dans deux semaines, mais avec la vie de dingue qu'elle menait depuis qu'elles avaient ouvert cette sacrée boutique, elle se méfiait. Elle sourit au jeune homme, comme pour s'excuser de cette demande saugrenue. Elle le connaissait de vue, évidemment, vu le nombre de fois où elle était venue ici depuis qu'elles avaient emménagé dans le quartier. Elle n'aurait pas pu donner de chiffre exact, mais disons que cela faisait beaucoup en peu de temps. Ce qui avait retenu son attention ? Il servait toujours au bar. Les autres serveurs adoraient aller dans la salle, jouer des coudes, draguer, faire des oeillades, plaisanter, mais lui restait là, tout le temps, et ce, malgré l'insistance de ses collègues, qu'elle avait parfois entendu dire que l y avait une jolie fille là bas, et que ce serait sans doute son style. Elle avait compatit, ce jour-là. Elle savait ce que c'était. Pas très bavard non plus.

Vous êtes matinale.

Ah, il essayait de la faire mentir, sans doute ? Se juchant sur un tabouret, elle posa les coudes sur le comptoir, avant de retourner les yeux vers lui, qui ne l'avait pas lâché. Elle haussa une épaule et eut un léger rire :

Je n'ai pas la moindre idée de l'heure. Cela dit, n'ayant pas dormi … je pense qu'on peut le dire, effectivement. Un coup d'oeil autour d'elle lui confirma qu'ils étaient seuls : il doit vraiment être très tôt.
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MessageSujet: Re: Cigarettes & alcohol { Lulla Cigarettes & alcohol { Lulla Icon_minitimeVen 19 Aoû - 23:33


    "Vous désirez ?" Une phrase qu'il disait au moins une centaine de fois par jour quand il travaillait aussi, mais pourtant, il lui semblait qu'elle avait sonnée différemment en bouche, cette fois. Peut être parce qu'ils étaient seuls et que, sortie du contexte, ce genre de phrase pouvait avoir une toute autre signification. Il s'était senti un peu stupide, mais comme elle avait rapidement répondu, semblant à son air et son sourire trouver sa réponse aussi un peu bête, il avait souri à son tour. Certes, un sourire bref qui avait eu tôt fait de disparaître derrière son bras alors qu'il passait sa main dans ses cheveux, mais un sourire quand même. Et Ruben ne souriait pas souvent.

      « Un café s'il vous plaît. Irish, si possible. »
      « Bien sûr. » Avait-il répondu, un peu gauche, avant de se tourner pour brancher la machine à café, remettre de l'eau dedans et finalement énoncer : « Cela prendra juste un peu de temps... La machine n'a pas encore chauffé. »

    Il tapota l'engin avec une légère grimace avant de se détourner de nouveau pour récupérer les dosettes. A vrai dire, il n'avait pas encore fini de tout installer, tout juste avait-il nettoyé les percolateurs et fait un peu de vaisselle. Quelque part, il s'était dit que ça ne pressait pas. Il était le premier à être arrivé, parce qu'il faisait l'ouverture mais aussi parce qu'il n'avait nulle part d'autre où aller et qu'il avait cherché à éviter les emploies de la voirie. Il avait encore dormi sur le le porche, derrière le bar, et il savait que s'ils le voyaient, ils le prendraient pour un espèce de vagabond. Ce qu'il était bel et bien, en réalité. Et il en avait l'habitude. Cela ne le dérangeait d'ailleurs pas tellement ; au fond, il avait toujours vécu comme ça. Mais depuis qu'il avait réussi à avoir ce boulot, il préférait faire en sorte de le garder, et être vu comme un SDF n'était pas très beau sur un CV. Continuant donc son activité comme un chef, il plaça la tasse, versa la dose de whisky au fond avec le sucre, et mit la machine en route. Et, alors qu'elle faisait son job, décida finalement de l'ouvrir de nouveau pour dire quelque chose. La première chose qui lui venait, en fait. Un truc sur l'heure, rien de bien folichon... Mais quand on vivait comme un reclus, on ne faisait pas beaucoup la conversation, comprenez-vous. Un temps d'adaptation était donc nécessaire - et non, il ne se cherchait pas d'excuse.

      « Je n'ai pas la moindre idée de l'heure. Cela dit, n'ayant pas dormi… Je pense qu'on peut le dire, effectivement. ...Il doit vraiment être très tôt. »
      « Un peu moins de 8h. » Lâcha-t-il platement tout en remarquant son regard circulaire sur la pièce : vide. « Je suis arrivé un peu avant 7h... Je n'étais pas vraiment sensé ouvrir déjà mais... Je ne suis pas un gros dormeur non plus, alors... Je me suis dit... Que puisque j'étais là... »

    Il haussa les épaules. Dire des choses intéressantes était vraiment bien plus difficile que prévu, et il devait avoir l'air d'un sacré freak, à combler comme ça, interpréter son regard en se disant qu'elle devait trouver ça bizarre, qu'il soit là si tôt. Qu'à cela ne tienne, c'était pas comme si ses collègues et sûrement quelques clients ne le prenaient pas déjà pour un psychopathe, avec sa propension à rester dans son coin toute la journée ! Il soupira avant de lancer, espérant faire une note d'humour pour dissiper le fait qu'il était vraiment mauvais quand il s'agissait de l'ouvrir :

      « Peut être que ça ferait plaisir à quelques insomniaques ayant envie d'un Iris Coffee, qui sait. »

    Nouveau sourire gauche avant de se détourner vers la machine, qui avait fini. Attrapant une coupelle, il la posa devant elle et retourna chercher la tasse pour revenir la poser délicatement dessus, accompagnée d'une cuillère, un sachet de sucre et un petit chocolat, comme toujours. Il frappa ensuite ses mains sur ses cuisses comme pour dire "Voilà pour vous !" avant de se reculer et de designer du pouce la cuisine.

      « Vous voulez peut être de la crème avec ? Certains en prennent, d'autres non... »

    Il laissa sa phrase en suspend avant d'aviser sa guitare, posée dans le coin, et de relever les yeux vers elle pour demander :

      « Je peux aussi mettre un peu de musique. » Conclut-il tout en attendant son verdict.

    Ça m'évitera de parler et de passer pour un con, songea-t-il alors qu'il ne savait où poser les yeux. Elle avait un joli visage, malgré les cernes un peu creusées. Ses yeux n'en restaient pas moins perçants. En fait, elle aurait totalement pu être son genre, avec son air fragile, contredit par des expressions mordantes. Enfin, c'était pas non plus comme s'il avait un genre, avec toutes les filles qui lui avaient plu, ça c'était mal fini. Parce qu'il n'était... Pas normal. Parce que tout était toujours mieux quand il restait loin des gens. Il ne devait même pas y penser. Et pourquoi y pensait-il, d'abord ? Car à présent, il était incroyablement mal à l'aise. Jamais il n'aurait dû ouvrir la bouche. Être un reclus, c'était pas si mal, finalement.
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MessageSujet: Re: Cigarettes & alcohol { Lulla Cigarettes & alcohol { Lulla Icon_minitimeMar 23 Aoû - 17:25

    Bien sûr. Cela prendra juste un peu de temps... La machine n'a pas encore chauffé.
    Je ne suis pas pressée, pas de souci. Ça m'apprendra à vouloir la faire fonctionner trop tôt.

    Il semblait juste se réveiller, ou alors sortir d'une coquille dont il s'était soigneusement entouré. Observatrice, la demoiselle avait bien remarqué ses habitudes avec les clients. Celle de ne pas en avoir, d'habitudes, justement. C'était peut-être ce qui la mettait aussi à l'aise, en réalité, comme si lui ne pouvait représenter une menace. Ce qui était vrai, en même temps, étant donné qu'il ne semblait pas quitter l'arrière de son comptoir, dont il s'était auto-proclamé barman attitré. Et cela avait quelque chose d'incroyablement réconfortant, un peu comme cette confiance toute vacillante et cette timidité qu'elle voyait poindre en lui. Était-ce cruel de sa part ? Il n'y avait aucun jugement dans cette pensée, ni dans ce regard qu'elle posait sur lui, ou ce sourire qu'elle lui offrait. N'avait-elle pas le droit de préférer la compagnie d'homme peu sûrs d'eux, et sans une once d'arrogance ? Ses pensées tentèrent de s'envoler à ces mots imprimés dans son crâne, mais elle les en empêcha fermement, les enfermant à double tour dans une cage alors qu'ils piaillaient, oiseaux offensés. Qu'ils continuent, elle ne les écouterait pas. Elle avait mieux à faire. Boire un café, travailler avant les cours … qui commençaient quand, d'ailleurs ?

    Un peu moins de 8h.
    Oh. Bien, ça me laisse une heure … commenta-t-elle comme pour elle-même pensivement en regardant la pile de ses livres. Ce serait peut-être assez pour écrire l'introduction, et repenser son plan. Il fallait l'espérer, elle commencerait vraiment à s'inquiéter sinon.
    Je suis arrivé un peu avant 7h... Je n'étais pas vraiment sensé ouvrir déjà mais... Je ne suis pas un gros dormeur non plus, alors... Je me suis dit... Que puisque j'étais là... Peut être que ça ferait plaisir à quelques insomniaques ayant envie d'un Iris Coffee, qui sait.
    Et bien c'est une riche idée que vous avez eu là euh ..., elle se stoppa, alors qu'un sourire amusé avait accueilli sa déclaration. Cela semblait un peu étrange, d'être la personne la plus à l'aise sur les deux quand il s'agissait d'un homme en face d'elle, mais c'était un changement plutôt agréable. En réalité, elle ne se souvenait pas avoir déjà entendu son prénom. Ses collègues devaient l'appeler, pourtant, non ? Avec une moue d'excuse, elle demanda : Je ne crois pas connaître votre nom, depuis le temps que je fréquente ce bar … Puis, se disant qu'il était sans doute bien venu de se présenter elle-même avant: Moi c'est Lullaby.

    Elle le regarda finir de préparer son café, se passant inconsciemment la langue sur les lèvres. Elle en avait vraiment envie, et besoin d'ailleurs. Et ça sentait délicieusement bon pour cet estomac vide qui menaçait d'ailleurs de se mettre à grogner. Très classe. Ce qui la fit hésiter à sa question, par ailleurs. Elle préférait son café noir, bien sec, histoire de prendre un coup de fouet, mais peut-être qu'un peu de crème par-dessus …

    Non, merci, je le prendrai comme ça, c'est gentil. Farfouillant dans ses poches, elle sortit la somme correspondante et la posa sur le comptoir, avant de tendre la main vers la tasse. Fermant les yeux, elle respira l'odeur émoustillante du café, les deux mains autour du récipient, appréciant l'odeur avant le goût. Et, bien vite, elle la prote à ses lèvres pour en prendre une longue gorgée. Qui l'ébouillanta, bien évidemment, mais le whisky se chargea de lui anesthésier la langue. Quand le jeune homme reprit la parole, elle se rendit compte qu'elle devait être belle, avec ses livres de philo, sa gueule de déterrée à sourire comme une crétine à une tasse de café, les yeux fermés. Aeuhm. Doucement, elle la reposa, et suivit le regard du jeune homme, qui se posa sur une guitare, contre le mur, dans un coin. Spontanément, elle demanda:

    C'est la vôtre ? Elle avait repoussé sa tasse pour sortir une feuille et un stylo, et attrapa un bouquin, ce qui menaça encore plus de rompre le fragile équilibre de la pile. Vu qu'il n'y a personne vous … en joueriez ? se rendant compte que la demande était peut-être saugrenue et indélicate, elle tenta de se rattraper: C'est que je … euh vais essayer de travailler, et juste histoire que vous ne vous retrouviez pas en tête à tête avec une blonde en train de tenter de dompter de vieux philosophes racornis. Elle rit, pour tenter de conserver le ton « je tente l'humour, hein ».
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MessageSujet: Re: Cigarettes & alcohol { Lulla Cigarettes & alcohol { Lulla Icon_minitimeDim 4 Sep - 13:03


      « Ruben. Moi c'est... Ruben. »

    Ça ne lui arrivait pas souvent de prononcer son nom. Il fallait dire qu'on ne le lui demandait pas en règle générale, parce qu'il était "le barman", ou "le mec derrière le bar", et puis c'est tout. Normalement, les gens s'en foutaient. Même s'ils étaient polis, ils se désintéressaient vite de lui, de ses gestes trop contrôlés, de ses sourires inexistants et de ses regards absents. Lullaby n'était pas les gens, force était de le constater. Elle était autre chose. Dans son esprit, maintenant, elle avait une case à part. Peu de personnes en avaient, car les gens avaient la fâcheuse manie d'être tous les mêmes. Mais pas elle. Même si elle n'était venue que pour un café et seulement pour travailler, elle prenait sur elle de perdre de son précieux temps pour essayer de le connaître. Elle aurait pu l'ignorer, elle ne l'avait pas fait. Au contraire, elle semblait lui accorder toute son attention, alors que rien ne l'y obligeait, au point d'avoir suivi le cheminement de ses pensées comme si elle se trouvait dans sa tête ce qui, en soi, n'était pas possible - normalement.

      « C'est la vôtre ? »
      « Oui. » Lâcha-t-il prestement en fronçant les sourcils devant l'évidence de ce qui allait suivre.
      « Vu qu'il n'y a personne vous … en joueriez ? »

    Il devait bien avouer qu'elle l'avait pris de cours et il détourna fugitivement les yeux jusqu'au jukebox - car c'était bien de lui qu'il parlait en disant "mettre de la musique" - pour revenir sur elle, partagé. Il oscillait entre ses bonnes manières qui lui interdisait de ne pas accéder à la demande d'un client et le fait qu'il n'avait encore... Jamais fait ça. Si, je vous rassure, il avait déjà jouer de la guitare un bon nombre de fois, cela faisait plusieurs années qu'il était autodidacte et l'instrument était devenu son plus fidèle compagnon mais... On ne lui avait jamais demandé de jouer, en fait. Il l'avait toujours fait seulement parce qu'il en avait envie, et que ça arrondissait parfois les fins de mois. Pas juste... Pour qu'on l'écoute. Mais il fallait bien un début à tout, non ?

      « C'est que je … euh vais essayer de travailler, et juste histoire que vous ne vous retrouviez pas en tête à tête avec une blonde en train de tenter de dompter de vieux philosophes racornis. » Compléta-t-elle dans un léger rire alors qu'il hocha la tête rapidement avant de changer d'avis :
      « D'accord. » Assentit-il un peu brusquement, si bien qu'il préféra se tourner vers l'instrument plutôt que d'attendre sa réaction.

    Tirant un tabouret, il s'installa dessus, se tortillant un peu nerveusement en tripotant les clés pour être sûr qu'elle était bien accordée. Il l'avait fait pas plus tard que la veille mais, sait-on jamais... Relevant brièvement le regard vers elle, il se rebaissa aussitôt sur les cordes en inspirant, se retenant de déglutir. Bon, allez. Ça devait pas être si sorcier, il le faisait tous les jours, cela ne changeait pas grand chose qu'elle soit là... D'accord, si, ça changeait tout. Réfléchissant au morceau qu'il voulait jouer, il haussa finalement les épaules, reportant son choix sur une de ses compositions. Il n'aimait pas les reprises, car ça signifiait être comparé à un original. Il préférait qu'elle n'ait aucune notion de comparaison, c'était mieux... Alors, il commença à jouer l'intro. D'abord moins assuré, il ripa sur une corde et grimaça, lui faisant un sourire d'excuse avant de se reprendre. Puis, peu à peu, il rentra dans le morceau. Les notes l'emplirent tout entier, et il n'hésita plus : il commença le premier couplet, bien que sa voix chevretait légèrement. Il ferma les yeux. Il ne pouvait pas regarder quelqu'un quand il chantait. Dans les rues, c'était autre chose, c'était les gens qui regardaient pas. Ils continuaient leur vie, ils passaient leur chemin, et même s'ils laissaient quelque chose, ils évitaient tout contact visuel. Ça arrangeait bien Ruben, car il s'en fichait. Il ne chantait pas pour eux, il chantait pour le monde, et un peu pour lui, aussi. Il n'avait jamais chanté pour personne, avant. Ça faisait peur. Mais étrangement, il n'avait pas peur d'avoir peur devant elle, alors, il chanta. Pour elle.

    Puis, le silence revint. Il tomba comme un couperet et, soudain, il ne sut plus où se mettre. Mordillant sa lèvre, il expira longuement en se tortillant sur son tabouret. Il était sûr qu'il avait été nul. Il ne chantait pas pour les gens, il ne chantait pas pour être écouté... Il chantait pour s'exprimer. Et là, il ne savait pas pourquoi. Il ne savait pas ce que ça voulait dire. Il se sentait étrange, comme s'il s'était mis à nu. Il avait ouvert son âme, et il ne savait pas pourquoi. Il se surprit soudain à rougir de son audace. Décidément, ce n'était pas une bonne idée. Il se sentit donc obligé une fois encore de dire quelque chose, espérant que ce serait les dernières absurdités qui dépasseraient ses lèvres :

      « C'est sûrement mieux que je vous laisse travailler en silence. Je vous empêche de... Dompter les philosophes racornis. Regardez, vous n'avez rien écrit. »

    Il baissa le menton, penaud, et s'apprêta à se lever pour allumer l'auto-radio.
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